Publié le – Mis à jour le
L’île aux Salamandres, figure dans le top 10 des pitch les plus visités du dernier Cartoon Movie, comment expliques-tu cet engouement ?
Pas sûr de savoir l’expliquer. En tout cas, c’est probablement le fruit de ce que nous avons mis en place depuis que nous sommes installés à La Cartoucherie, c’est-à-dire créer des passerelles entre le cinéma de fiction et le cinéma d’animation. Nous travaillons avec une réalisatrice de prise de vues réelles dont le talent réside dans le scénario, la direction d’acteurs et une mise en scène stylisée. Et nous avons fait appel à une ancienne étudiante de La poudrière qui a su transcrire la vision de la réalisatrice en un univers visuel d’une grande richesse.
Peut-être que l’intérêt des professionnels à Cartoon Movie s’est porté sur le processus de fabrication que nous avons mis en place, alliant capture de mouvement en temps réel, modélisation en 3D et finalisation en 2D. Il est vrai que nous avons porté notre effort sur un pipeline qui garde toute sa force à la 2D tout en apportant une certaine fluidité aux mouvements et aux expressions des visages.
Grâce peut-être aussi à un ADN très européen, de part sa genèse, une adaptation libre du très fameux Karel Capek ?
Pour nous, le chef-d’œuvre de CAPEK n’est ni Tchèque, ni Européen. C’est une œuvre littéraire universelle et intemporelle comme CENDRILLON, FRANKENSTEIN ou LA PLANÈTE DES SINGES. Sont-ils nombreux, ceux qui savent que l’auteur de ce dernier titre est Pierre BOULE. Il y avait dans le livre visionnaire de CAPEK, écrit en 1936, l’anticipation des conséquences d’un capitalisme effréné et de notre rapport à la nature et aux animaux.
Et sur les épaules de ce grand humanité, il nous a été facile de raconter une histoire se passant dans un futur proche.
L’occasion de parler de ton prisme slave, puisque tu as déjà travaillé avec des réalisateurs polonais.
Si vous regardez notre catalogue de films produits ou en projet, il n’a pas particulièrement de prisme slave, mais clairement un prisme sur tous les cinémas du monde avec des films irakiens, égyptiens, norvégiens, bulgares, italiens, écossais, macédoniens ou encore suisses. En fait, ce que nous recherchons, c’est à accompagner des auteurs et des réalisateurs qui portent en regard engagé sur notre monde contemporain.
Le travail de co-production avec l’Allemagne et la Slovaquie t’engage dans un geste fort, celui de faire un film véritablement européen, et pourtant l’adaptation se déroule en Asie, est-ce-là le parti pris de l’universalité ?
La coproduction européenne, c’est notre ADN. Tous nos films ont été produits à minima avec des coproducteurs européens. C’est la garantie de moyens plus importants, de notre liberté artistique, mais aussi nous rappelle à chaque instant que nous ne fabriquons pas de films pour un pays en particulier et que nous devons trouver une grammaire généreuse qui touche le plus grand nombre à travers le monde. Un peu comme les contes qui ont donné le nom de notre maison de production.
Peux-tu décrire ce que la co-production avec des producteurs de partout dans le monde t’apporte ?
Ce qui nous intéresse dans la coproduction, c’est que chacun apporte sa valeur ajoutée et permettre de faire des films plus forts, plus émouvants, plus vivants et peut-être plus politiques.
Est-ce, selon toi, plus complexe de co-produire avec l’étranger en animation ?
Nous ne faisons pas la différence entre cinéma de fiction, d’animation ou documentaire. Ce sont toujours des films partagés par un public dans une salle de cinéma.
Pour nous, un film d’animation est un film tout court, avec ses enjeux narratifs, visuels, sonores. Donc, comme dans toute coproduction, l’enjeu est de reconnaitre les talents de chacun, ses habitudes et de trouver des complémentarités.
Quelles sont les prochaines étapes qui vous attendent après cette réussite ?
Storyboard et animatique avant d’entrer en phase de financement.